Les orgues d'Ille-sur-Têt
Le coeur du site se compose de trois plates-formes qui ont été applanies pour l'agriculture.

Le panorama des cheminées des fées s'ouvre devant vous comme un amphitéâtre aux parois sculptées de gigantesques colonnes évoquant des paysages arides ou désertiques.
Fragiles et éphémères, ces formes se dégradent et progressivement disparaissent mais ne voyez aucune tristesse dans le processus de l'érosion puisqu'il sculpte, au fil du temps, la beauté dans les matériaux sédimentaires.

Ces mêmes processus, sous un climat tropical de la fin du tertiaire (entre -5 millions d'années et -3 millions d'années) ont déblayé le plateau de Montalba granitique de son épais manteau d'altération. Les nombreux cours d'eau qui drainaient le plateau ont emporté ces sables et les ont déposés à leurs débouchés dans la vallée. Vous retrouverez des dépôts similaires sur une bande de territoire qui s'étend de Millas au col de Ternère, mais nulle part le travail d'érosion est aussi spectaculaire. La friabilité des sédiments, alliée à la violence des "déluges" méditerranéens, rend très efficaces les dynamiques de ravinement.

Vous êtes ici dans un cirque qui était une colline ; les cours d'eau ont donc dégagé 10 à 12 mètres de hauteur de sable.
Formation des cheminées des fées
Pour les cheminées de fées, le processus est plus complexe qu'un simple ravinement dans les sables. Au quaternaire (depuis -1,7 millions d'années), un ciment d'argile enchâssé de galets et de "blocailles" a recouvert la couche sableuse qui a ainsi été protégée. En observant le toit du remblaiement, nous retrouvons la pente de l'ancien versant.

La couche sommitale a la particularité d'être imperméable et plus dure que la couche inférieure, vulnérable. Elle résiste mieux aux phénomènes d'érosion et contribue au maintien de la colonne qu'elle chapeaute, d'où cette appellation poétique des "demoiselles coiffées". Les racines fixent les sols, mais là où la végétation est clairsemée et le chapeau moins protecteur, les premières ravines ont pu s'inscrire et s'approfondir.
Ces demoiselles se mettent en avant, se détachent du reste des formations, mais ce n'est pas de la vanité, simplement le fait d'un recul des versants.

Si elles perdaient leur chapeau, elles s'évanouiraient. Elles sont aussi fragiles à la base car, à rester trop longtemps les pieds dans l'eau, le courant du ruisseau pourrait parvenir à les déchausser.
Sculpture des orgues
Les parois verticales sont, par contre, relativement protégées de l'érosion. En effet, la pluie, emportée naturellement par la gravité n'a pas la possibilité de creuser, elle chute directement. Par contre, lorsqu'une pente se présente, l'eau se concentre pour former des ruisseaux qui vont s'encaisser dans de profonds ravins (phénomène du labyrinthe).

Prenons une goutte d'eau, une simple goutte de pluie. Elle glisse le long de la paroi, transporte une paillette d'argile en solution, déchausse un grain de sable. Ce sont des milliers de gouttes qui renouvellent le processus et produisent ces formes en tuyaux d'orgues géants. Ce travail d'érosion, associant aussi le rôle du vent et de l'humidité, est d'une extrême minutie car chaque couche plus ou moins tendre est sculptée suivant sa résistance. Autres acteurs dans la mise en place de ce décor, la végétation et la faune qui s'épanouissent et interviennent pour achever cette oeuvre Les parois vous semblent vierges mais si vous vous rapprochez, vous pouvez observer par endroit une sorte de croûte, couverte de mousse et de lichen qui parent nos demoiselles d'un léger voile vert et contribuent à leurs protections. Les rouges queues, très communs, utilisent les anfractuosités des Orgues pour nicher.

A noter
Les alternances de chaleur et d'humidité jouent sur les argiles qui gonflent et se contractent comme une éponge, elles finissent par imprimer des lézardes que vous pouvez apercevoir à certains endroits sur les parois. Les fissures correspondent à un phénomène de détente : un morceau de versant ne s'appuie sur rien et tend progressivement à se détacher par gravité ...

Vistez en images les orgues d'Ille-sur-Têt

Pour découvrir d'autres curiosités de la nature, vous pouvez visiter le site www.phenomag.com sur les phénomènes naturels.

Pour avoir une autre vison des orgues, allez voir la Ballade en Europe sur ce sujet.


Dernière mise à jour : 29 Juillet 2007
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