L'église Saint-Gervais Saint-Protais de Gisors
Présentation
L'église et une partie de la ville (vue du donjon du chateau) Cette église doit ses dimensions importantes au fait qu'elle est la seule de la ville. Elle fut détruite en 1124 en même temps que la ville dans un incendie.
En juin 1940, lors d'un bombardement, elle fut gravement endommagée.
Visite intérieure
Il faut s'avancer au centre de la nef et s'arrêter à l'entrée du transept devant le nouvel autel pour voir les parties les plus anciennes de l'église. Contre le pilier nord-ouest de la croisée, du côté de la nef, subsiste le seul vestige de l'église élevée en 1130 : une colonnette couronnée d'un chapiteau à feuille d'acanthe, élément du pilier qui recevait les grandes arcades de la nef primitive, beaucoup moins larges et hautes que l'actuelle.

A l'est du transept s'élève le choeur dédicacé en 1249. Voûté à 16 m de hauteur, initialement terminé par un chevet plat au-dessous de la rose et bordé de doubles bas-côtés, il témoigne de la diffusion de l'architecture gothique francilienne du début de XIIIe siècle vers la Haute-Normandie. Les grandes arcades sont portées par des piles monocylindriques, comme celles de Notre-Dame de Paris, munies de chapiteaux à décor varié de crochets et de végétaux.

Les travaux de la fin du Moyen Age ont débuté par le reprise du chevet qui s'est trouvé entouré d'une couronne de chapelles formant un second collatéral. Les quatres travées au nord du choeur, élevées entre 1497 et 1513 forment la chapelle Notre-Dame-de-l'Assomption. Le décor sculpté rappelle ce vocable : consoles ornées de prophètes où sont inscrites des invocations à la Vierge ; personnages et animaux placés au centre d'un remplage de baie en forme de fleur de lys bas-relief sur le mur oriental représentant les litanies de la Vierge. Une Vierge à l'enfant du XIVe siècle a été placée à droite de l'autel.

Les trois chapelle d'axe du chevet et l'arcade qui les relie au choeur datent de 1500-1505. Dans la chapelle de droite, le mur sud s'orne d'un réseau d'arcatures flamboyantes qui formait, avant 1794, l'encadrement d'un groupe de la mise au tombeau du Christ sculpté vers 1510. Le second collatéral au sud du choeur ainsi que la sacristie qui le prolonge datent de 1505-1510. La baie de la travée de gauche a été abaissée pour accueillir la célébre verriè en grisalle de la vie de la Vierge, réalisée en 1545.
Le bras sud du transept, élevé en 1510-1515 comporte sur sa face est une galerie décorative bordée par un garde-corps ajouré et étable sur un encorbellement mouluré de frises de végétaux flamboyants.

Le bras nord du transept est couvert de voûtes à nervures courbes. Le mur du fond est orné de niches à ciselés. La niche centrale renferme une toile provenant de l'ancien couvent des Mathurins de Gisors.

L'achèvement du transept vers 1526 coïncida avec celui des collatéraux au sud de la nef dont le plan à cinq vaisseaux, rare au Moyen Age, fait encore référence à Notre-dame de Paris. Les confréries qui occupaient les chapelles offrirent les piliers séparant les doubles bas-cotés. La confrérie Saint-Louis donna vers 1520 les deux piles hélicoïdales ornées des insignes de la monarchie : lys, dauphins, colliers de l'odre de Saint-Michel. La confrérie Saint-Claude des tanneurs fit faire en 1526 le pilier hexagonal couvert de bas-reliefs et le vitrail de la vie de Saint-Claude. Le gisant scupté dans le mur de la troisième chapelle qui abritait la confrérie Saint-Clair des ouvriers du bâtiment date aussi de 1526.
Deux saintes femmes et Saint Jean l'Evangéliste, trois statues faisant partie d''un groupe de mise au tombeau Les collatéraux du nord de la nef furent élevés entre 1523 et 1530. La troisième chapelle mérite l'attention par son vitrail de la vie des Saints Crépin et Crépinien offert en 1530 par les cordoniers de Gisors. La dernière chapelle, double, abritait avant la révolution la sépulture d'un bailli de Gisors mort en 1510, Jean de la Viefville, dans un enfeu où sont aujourd'hui présentées trois statues, vestige de la mise au tombeau du chevet de l'église.

Le vaisseau centrale de la nef, voûté à 24 m de hauteur, s'inspire du choeur de la chathédrale Saint-Etienne de Beauvais. Il a été construit entre 1528 et 1540 en même temps que la partie centrale de la façade occidentale de la tour nord. Au rez-de-chaussée de cette dernière sont aujourd'hui exposés les bas-reliefs provenant d'un Erreur - Marqueur Invalide. Les bas-côtés de la nef communiquent au sud-ouest avec le rez-de-chaussée d'une grosse tour commancée en 1548. La voûte et la vis d'escalier ajourée et soulignée par une frise rampamte datent de 1575-1576, le grand relief de l'Arbre de Jessé de 1585-1593, enfin au revers de la façade occidentale se dresse la tribune d'orgue réalisée en 1578-1580.
Visite extérieure
C'est au sud-est de l'église que l'on a le meilleur point de vue sur les parties les plus anciennes. La tour croisée, datable des années 1170-1180, est d'un type courant en Ile-de-France depuis le début du XIIe siècle. Elle s'élevait autrefois au-dessus de la nef, du choeur et du transept romans et montrait sur chacune de ses faces, au dessous des baies géminées, des oculi soulignés par un décor de dents de scie. Les parties hautes du choeur du début du XIIIe se laissent difficilement apercevoir derière la forêt des pinacles et des hauts toits en pavillon des chapelles des années 1500, primitivement couvertent d'ardoises et de motifs en plomb peints et dorés. Dans l'angle sud-est, les deux étages de la sacristie et de la chambre du trésor se distinguent par leurs petites fenêtres en anse de panier. A gauche se dresse la façade sud du transept achevée en 1515 et dont les portes de bois montrent le premier emploi de motifs de la renaissance dans l'édifice : empilements et chutes d'ornements italianisants.

En contrournant l'édifice par l'est on aborde sa face nord dominée par l'imposante façade élevée en 1516-1525. On atteint le parvis de la façade ouest en longeant la nef dont les dimensions témoignent d'une conception de l'architecture flamboyante plus monumentale que celle des campagnes des années 1490-1510. On remarquera au dessus de la chapelle double qui jouxte le transept un dispositif unique en son genre d'arcs-boutants diagonaux destinés à pallier l'absence de volée axiale.
La façade occidentale offre un résumé saisissant des évolutions qu'a connues l'architecture française au cours des deuxième et troisième quarts du XVIe siècle. La tour nord commencée en style flamboyant vers 1530 fut achevée en 1540 par un couronnement aux formes puisées dans le seul répertoire de la Renaissance. La partie centrale de la façade fut commencée en 1536 selon un schéma gothique. Son grand portail était prévu en arc brisé, surmonté d'une haute ouverture en plein cintre garnie de lancettes décoratives. Ces travaux, interrompus en 1543, reprirent en 1561 sous la direction de Jean Grappin qui modernisa le décor selon les normes de la Renaissance classique. Il ferma le protail d'une voussure en plein cintre à caissons, sculpta le tympan d'un bas relief du Songe de Jacob et plaçe au devant de la grande baie supérieure un écran décoratif en forme d'arc de triomphe.

La grosse tour carré implantée en diagonale au sud de la façade est l'oeuvre du même architecte. Projetée en 1541, elle fut mise en chantier en 1548. Sa construction fut laborieuse puisqu'on ne se résolut à en couvrir le troisième étage ébauché qu'en 1612. Bien qu'inachevée, elle constitue un des premiers exemples français de superposition des 3 ordres antiques selon les règles classiques. Réalisée par des architectes et des maçons formés dans la tradition gothique, elle porte encore la virtuosité technique des tailleurs de pierres de la fin du Moyen Age, notament dans le traitement bombé et creusé, sans équivalent, de la frise de l'étage ionique.

Vistez en images l'église Saint-Gervais Saint-Protais de Gisors.


Dernière mise à jour : 29 Juillet 2007
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